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Invasion

lyrics

Faire, faire un livre, un enfant, une révolution, faire tout court, c’est se projeter dans une situation à venir qui s’ouvre de tous les côtés vers l’inconnu, que l’on ne peut donc pas posséder d’avance en pensée, mais que l’on doit obligatoirement supposer comme définie pour ce qui importe quant aux décisions actuelles. Un faire lucide est celui qui ne s’aliène pas à l’image déjà acquise de cette situation à venir, qui la modifie au fur et à mesure, qui ne confond pas intention et réalité, souhaitable et probable, qui ne se perd pas en conjectures et spéculations quant aux aspects du futur qui n’importent pas ce qui est à faire maintenant ou quant auxquels on ne peut rien; mais qui ne renonce pas non plus à cette image, car alors non seulement « il ne sait pas où il va », mais il ne sait même plus où il veut aller.

On entend parfois dire : cette idée d’une autre société se présente comme un projet, mais n’est en fait que projection de désirs qui ne s’avouent pas, vêtement de motivations qui restent cachées pour ceux qui les portent. Elle ne sert qu’à véhiculer, chez les uns, un désir de pouvoir ; chez d’autres, le refus du principe de réalité, le phantasme d’un monde sans conflit où tous seraient réconciliés avec tous et chacun avec soi-même, une rêverie infantile qui voudrait supprimer le côté tragique de l’existence humaine, une fuite permettant de vivre simultanément dans deux mondes, une compensation imaginaire.
Lorsque la discussion prend une telle tournure, il faut d’abord rappeler que nous sommes tous embarqués sur le même bateau. Personne ne peut assurer que ce qu’il dit est sans rapport avec des désirs inconscients ou des motivations qu’il ne s’avoue pas à lui-même. Car la révolution, telle que nous la concevons, refuse précisément d’accepter purement et simplement cette scission entre motivation et résultat, elle serait impossible dans la réalité et incohérente dans son sens si elle était portée par des intentions inconscientes sans rapport avec son contenu articulé ; elle ne ferait alors que rééditer, une fois de plus, l’histoire précédente, elle resterait dominée par des motivations obscures qui imposeraient à la longue leur propre finalité et leur propre logique.

La vraie dimension de ce problème [le problème révolutionnaire] est la dimension collective; c’est à l’échelle des masses, qui seules peuvent réaliser une nouvelle société, qu’il faut examiner la naissance de nouvelles motivations et de nouvelles attitudes capables de mener à son aboutissement le projet révolutionnaire. Mais cet examen sera plus facile si nous tentons d’expliciter d’abord ce que peuvent être le désir et les motivations d’un révolutionnaire.

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from La tribune imaginaire de Cornelius, released April 26, 2020

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Tony, Antoine & Romain Bondy, France

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